QUI EST ANASTASIIA KIRPICHNIKOVA, NAGEUSE RUSSE NATURALISéE FRANçAISE, POLICIèRE, ET MéDAILLE D’ARGENT DU 1500 MèTRES NAGE LIBRE

Elle a participé à sa deuxième finale olympique sous les mêmes couleurs que la première, mais un autre drapeau. Il y a quatre ans, à Tokyo, la nageuse russe Anastasiia Kirpichnikova, alors âgée de 20 ans, concourait le 1500 m nage libre pour le blanc, bleu, rouge de la Russie. Quatre ans plus tard, elle a remporté ce 31 juillet la médaille d’argent sur la même distance aux Jeux de Paris. Sa première récompense internationale en grand bassin, décrochée au nom du bleu, blanc, rouge français cette fois. 

Une carrière percutée par la guerre en Ukraine

L’athlète, naturalisée en avril 2023 par un décret paru au Journal officiel, remporte aussitôt plusieurs titres de championne de France. Repérée pour son potentiel, elle rejoint ensuite l’équipe olympique de la Police nationale, constituée de 25 athlètes, sélectionnés parmi 65 sportifs, et policiers actifs. Ou réservistes, comme c’est le cas pour Anastasiia Kirpichnikova. Un engagement qui lui a valu les félicitations de Gérald Darmanin . «Fierté de tous les agents du ministère de l'Intérieur !», a-t-il publié sur X (ex-Twitter).

Native d’Asbest, une ville d’un peu moins de 70.000 habitants située près d'Ekaterinbourg, dans l'Oural, la nageuse détenait déjà de nombreux titres et médailles obtenus pour son pays natal. En 2020, elle décroche l’argent aux championnats d’Europe en 800 et 1500 m nage libre. L’année suivante, elle bat le record de Russie sur ces deux distances en petit bassin, dont elle devient championne d’Europe, comme pour le 400 m nage libre. Et obtient, au passage, le titre de vice-championne du monde de 800 m nage libre en petit bain.

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De l'Oural à Martigues

En 2021, elle participe donc aux Jeux de Tokyo, sa première compétition olympique... et la dernière à laquelle la Russie concourt officiellement. L’invasion de l’Ukraine par Moscou le 24 février 2022 fait basculer l’Europe dans la guerre et rebat les cartes de la diplomatie sportive. Les athlètes russes sont peu à peu exclus de toutes les compétitions. La Fédération internationale de natation n’est pas en reste : en mars, elle annonce l’exclusion des nageurs russes et biélorusses des Mondiaux.

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Pour Anastasiia Kirpichnikova, cela pourrait signifier la fin de sa carrière. Seulement l’athlète s’entraîne déjà depuis quatre ans en France, auprès de Philippe Lucas, l’ancien coach de Laure Manaudou, avec lequel elle a commencé à travailler à Montpellier avant de le suivre à Martigues. Alors que le Comité international olympique, en vue des Jeux de Paris, envisage d’autoriser les sportifs russes et biélorusses à concourir sous bannière neutre, Anastasiia Kirpichnikova préfère demander la nationalité, avec le soutien de la fédération russe. «La France est mon deuxième pays, c'est ma maison. Je veux gagner plein de médailles pour la France», déclare-t-elle en avril 2023, juste après sa naturalisation.

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Une prise de choix

Et cela tombe à pic pour une équipe française de natation en quête de nouveaux talents. Jeune, prometteuse dans toutes les disciplines, en bassin comme en eaux libres, Anastasiia Kirpichnikova représente une prise de choix pour les années à venir. « Elle a une palette d'épreuves assez intéressante, soulignait ainsi le directeur technique national de la Fédération française de natation Julien Issoulié, interrogé par nos confrères de RMC Sport  . Ça va nous renforcer notamment sur des épreuves de demi-fond, voire aussi des relais. C'est une très bonne nageuse qui rejoint l'équipe de France. » La promesse, peut-être, de futures moissons de médailles.

2024-08-01T12:09:13Z